Retour de Sam : mon installation de chauffage avec un Poelito

Introduction

Hello, aujourd’hui je vais vous parler de mon installation poelito, c’est le deuxième hiver que je passe avec.

Contexte

La maison fait 35m2 sur 2 niveaux et 2m sous plafond, ça fait un total de 70 m3 à chauffer (c’est un peu au dessus de la limite haute d’un Poelito, il est donc un peu sous dimensionné). Elle est située en Haute-Loire à 800 m d’altitude. Celle-ci est bâtie en pierre, un peu isolée par l’intérieur, (laine de verre + placo). Les menuiseries ne sont pas toutes neuves (une dizaine d’années), mais en double vitrage. D’après le calcul de déperdition (disponible sur le site d’oxalis), nous avons besoin d’un poêle d’environ 3 kW pour compenser les pertes calorifiques au plus froid de l’hiver et obtenir un confort de 18°C à l’intérieur.

Le modèle qui a été installé est le Poelito 200L (le plus gros) avec deux grosses flambées par jours ça devrait suffire à chauffer suffisamment la pièce du bas (mais peu de chance de chauffer l’étage). Le conduit de sortie fait 4,3 m de haut, il est gainé, mais non isolé dans un conduit maçonné, le diamètre de la gaine est de 160mm.

L’habitante de la maison travaille la journée, elle peut donc faire un feu, tôt le matin et le soir.

Les différentes itérations

La version 1

Dans un premier temps, le poêle a été positionné proche du conduit dans le coin de la pièce. C’est la solution de facilité. Le tirage s’effectue rapidement, pas forcément besoin d’allumer un feu dans le conduit de sortie. Cependant, il faut savoir que le poelito, contrairement à la plupart des poêles, rayonne beaucoup à l’arrière, il faut à tout prix éviter de le positionner contre un mur. Si ce n’est pas possible autrement, il faudra mettre une plaque rayonnante derrière celui-ci (plaque en aluminium réfléchissante ou en inox poli…)

Problèmes rencontrés :

  • Refroidi trop vite (pas assez d’inertie)
  • Ne rayonne pas assez dans la pièce

Ces deux problèmes sont tels qu’il faut recourir à un chauffage électrique pour compenser le manque de chaleur.

Le poele situé dans le coin de la pièce ne suffit pas à la chauffer

La version 2

L’idée ici est de déplacer le poêle au centre de la pièce, et pour relier le poêle au conduit, nous allons construire un banc de masse qui va venir apporter un peu plus d’inertie et permettre de rayonner plus longtemps. De plus, en étant assis sur le banc, on bénéficie du maximum de la chaleur du poelito.

La position du poêle est plus centré créant une zone de confort plus grande

Quelques détails sur la banquette.

Cout de l’opération :
-130 briques en terre crue (achat) : 140€
-4 dalles carreaux briques remplie d’argile pour l’assise : Recup’ + 1 achetée à 4€
-4 dalles de béton cellulaire pour l’isolation du sol : 16€
-3 briques plâtrières (linteaux passage de conduits) : récup’
– du sable et de l’argile pour le mortier : presque gratuit
– laine céramique et tôle pour la trappe : 2€
– 1 conduit inox supplémentaire : 30€
– de la laine de roche pour l’isolation du mur : 1m2 : Récup’
Total : env. 200€
Poids total du banc (enduit compris) : env. 400 kg

Problèmes rencontrés :

  • Le banc est trop chaud, l’assise est inconfortable
  • La combustion est instable, les problèmes de refoulement sont fréquent, DANGER !
  • La cuisine sur le poêle est compliqué, il ne chauffe plus assez
Schéma de la banquette en version 2

La version 3

La version 3 permet de palier aux problèmes rencontrés dans la version 2. L’idée ici est d’ajouter une gaine inox diamètre 160 dans le banc pour limiter les pertes en charge et de retirer le coude sous le conduit. Pour améliorer l’alummage, on a décidé de mettre une résistance électrique de chauffe-eau à la base du conduit de sortie, ça permet d’allumer le poêle très rapidement dans n’importe quelles conditions.

Schéma de la banquette en version 3

La résistance utilisée pour ce montage est une résistance de chauffe-eau de 800W (on peut en commander sur NPM.fr) je l’avais sous la main, mais elle n’est pas idéale à mon avis, car trop grande, son installation n’est pas pratique et nécessite du mastic réfractaire (trouvable chez Leroy Merlin) si j’avais eu le choix, j’aurais opté pour une résistance de bouilloire, plus compact est plus « propre » à installer (elle est « vissable »), voici un lien

Résistance de bouilloire pour le préchauffage du conduit à moins de 10€

Cout de l’opération :

  • Résistance de chauffe : récupérée, ou 10 € en neuf
  • Thermomètre : 3€ en neuf.

Les problèmes de cette version :

  • Le ramonage est compliqué, il faut démonter la gaine
  • La résistance reste toujours allumée si on ne la débranche pas (risque de surchauffer le conduit, et dépense d’électricité abusive)
  • Difficile d’allumer le poêle sans électricité

La version 4 (future)

La prochaine version consistera, comme on peut s’y attendre, à trouver des solutions pour résoudre les petits soucis de la version 3. L’idée est de couper la gaine à la base du conduit de sortie et d’y mettre un T avec un angle 45° (pour limiter les pertes de charges) ainsi le ramonage ne nécessitera pas de démontage fastidieux. L’ajout du même T est prévu également à la sortie du poêle et permettra de ramoner le banc. Niveau allumage, la présence du tampon permettra de faire un petit feu avec de l’alcool et de se passer d’électricité en cas de besoin. Cependant, l’ajout de cette résistance apporte tellement de confort qu’elle va rester et qu’on prévoit d’ajouter un minuteur mural au lieu de la prise.

On tâchera de vous tenir au courant de la suite des évènements !

Quelques remarques diverse sur ce projet

Impacte des enduits sur le confort thermique : au cours de ces différentes modifications, nous avons également changé les enduits de la pièce. Il s’avère que les enduit ont un grand impact sur le confort thermique. La tapisserie blanche amenait du froid dans la pièce, l’ajout d’une mince couche de chaux-argile (couleur finale sur des marrons) est bénéfique.

La couleur du poêle est très importante ! Le poêle de la version 1 était acier brillant (la peinture du bidon avait été retirée à la meuleuse) nous l’avons culotté avec de l’huile de friture. Cette technique l’a rendu brun mat. Il rayonne ainsi mieux dans la pièce. Un matériau réfléchissant n’est pas rayonnant !

Conclusion

On est désormais satisfait de notre installation, même si peut-être qu’un poêle un peu plus gros apporterait un peu plus de confort, il est par exemple très compliqué d’amener de la chaleur à l’étage, mais ça, c’est un autre sujet ! A venir…

Introduction au feu de bois

Comment obtenir une bonne combustion ? Retrouvez les concepts au centre de la production de chaleur au feu de bois.

  1. Introduction
  2. Comprendre le phénomène de combustion
  3. Que faut-il pour obtenir une combustion complète
  4. La récupération de la chaleur

Introduction

Qui parmi vous se chauffe au feu de bois ?

Si peu de français se chauffent au bois aujourd’hui, malgré un gisement assez important, beaucoup de personnes pensent encore que le feu de bois est synonyme de pollution. Ce qui est en partie vrai : un feu de bois mal géré peut être très polluant. En région Rhône Alpes lors des périodes hivernales, plus de la moitié des émissions de particules fines proviennent du chauffage résidentiel au bois (source : Atmo Auvergne Rhône Alpes).

Une mauvaise combustion du bois soulève deux problèmes :

  • les fumées grises qui s’en dégagent sont pleines de particules qui auraient pu brûler dans de meilleures conditions, c’est du gaspillage de bois et donc d’énergie,
  • ces particules imbrûlées sont également très toxiques et polluantes. 

Pour éviter de gaspiller du bois tout en diminuant les émissions de particules fines dans l’atmosphère, il faut installer un poêle à bois à haut rendement1. Celui-ci dépend de deux facteurs : son foyer, qui dans l’idéal permettra une combustion complète (Cf. parties Comprendre le phénomène de combustion & Que faut-il pour obtenir une combustion complète ), et son système de récupération de la chaleur (Cf. partie La récupération de la chaleur ).

ŋpoêle à bois = ŋfoyer x ŋrécupération de chaleur

Si 1kg de bois sec (20 % d’humidité) contient 4kWh2 d’énergie (un tas de buches représenté ci-dessus), il en faudra un peu plus pour obtenir 4kWh d’énergie finale, car on ne peut créer une machine parfaite (rendement ŋ = 100%). Avec un poêle à bois économe (ŋ = 90%), on aura besoin d’environ 1,1kg de bois pour fournir 4kWh d’énergie, alors qu’avec un poêle en fonte classique (ŋ = 20%), il en faudra 5kg pour fournir la même quantité d’énergie.

1kg de bois sec à 20 % d’humidité (un tas de bûches représenté ci-dessus) contient en moyenne 4kWh2 d’énergie. Mais comme aucune machine ne peut être parfaite, il y a toujours des pertes (bûches noires représentées ci-dessus), il faut donc plus de bois pour obtenir 4kWh d’énergie. Avec un poêle à bois économe (ŋ = 90%), on a besoin de 1,1kg de bois, alors qu’avec un poêle en fonte classique (ŋ = 20%), il en faut 5kg pour fournir la même quantité d’énergie.
Si l’objectif est de diminuer son impact sur l’environnement, on voit combien utiliser des appareils à haut rendement est important. 

Comprendre le phénomène de combustion

Pour obtenir une flamme, il faut réunir trois éléments :

  • Comme nous, le feu a besoin de respirer, il lui faut donc un comburant : le dioxygène, présent dans l’air.
  • Il a aussi besoin de manger, il lui faut donc un combustible, comme le bois par exemple.
  • Et enfin, il lui faut de la chaleur, ou énergie d’activation : il en a besoin pour exister, et en dégage pendant la combustion, c’est une réaction en chaîne.

La combustion du bois suit alors trois grandes étapes :

  • Le séchage, soit l’évaporation de l’humidité contenue dans le bois, pour lui permettre de monter en température.
  • La pyrolyse, c’est à dire la transformation du bois de son état solide à un état gazeux, inflammable sous l’effet de la chaleur. Une partie du bois se transforme plutôt en charbon, qui se pyrolyse à son tour, plus lentement.
  • La combustion, durant laquelle les gaz de bois se mélangent à l’air à une température suffisamment élevée pour créer une flamme. Les atomes de carbone à l’état gazeux se combinent avec le dioxygène (comburant) et forment alors du CO2, invisible et inodore. C’est cette combinaison qui dégage la chaleur recherchée dans le feu.
    À la fin de la combustion, il ne reste que les cendres blanches, partie minérale et incombustible du bois (environ 3%).

Nb : En réalité, ces trois étapes forment une réaction en chaîne : une petite brindille va brûler grâce à l’apport d’une étincelle, cette petite flamme sera alors un apport de chaleur pour les plus grosses brindilles, etc.

On peut donc observer le cycle du carbone qui se produit : en poussant, l’arbre se nourrit de dioxyde de carbone (CO2), pour conserver les atomes de carbone (C) qui constitueront le bois, et dégager du dioxygène (O2) par ses feuilles.3

En brûlant, le bois libère sous forme de dioxyde de carbone (CO2) tout le carbone qu’il a emmagasiné dans sa vie, en recombinant ses atomes de carbone (C) avec le dioxygène (O2), élément de l’air indispensable à la combustion (triangle du feu).

Le cycle carbone du bois est donc nul : il absorbe autant de CO2 dans sa vie qu’il en rejette lors de sa combustion ou de sa décomposition. Il est donc tout à fait normal de rejeter du CO2 lors d’une combustion, ce n’est pas de la pollution, mais juste un cycle naturel.

Attention ! Ce bilan carbone neutre n’est possible à l’échelle globale que si nous laissons au bois le temps de se renouveler ! La combustion de bois doit donc impérativement s’accompagner d’une gestion durable des forêts.

« Ok. Mais alors, pourquoi dit-on toujours qu’un feu de cheminée en ville, ça pollue ? »

Jusque là, c’était la théorie, ou comment se passeraient les choses si tout était parfait. En réalité, on retrouve beaucoup d’éléments polluants que l’on pourrait limiter à la sortie d’une cheminée : du monoxyde de carbone (CO), des particules de carbone pur (C), des oxydes d’azote (Nox), des hydrocarbures, des composés organiques volatils (COV), du méthane (CH4), etc.

Ces particules polluantes et très toxiques prennent la forme de fumée, et de suie.

Un feu non polluant (que l’on désigne aussi de combustion complète),
est donc un feu sans fumées.

Reprenons le triangle du feu : il définit les 3 éléments indispensables à la combustion. Ce triangle doit être parfaitement équilibré pour une bonne combustion.

Par exemple : si l’on ferme la trappe de tirage du poêle avant d’aller se coucher, afin de brûler le bois tout doucement toute la nuit, on créé un déséquilibre dans le triangle du feu.

Le manque de dioxygène va perturber les combinaisons chimiques évoquées plus haut, et il se passera ceci :

Nb : ceci est une explication simplifiée, les réactions chimiques impliquées lors de la combustion étant complexes. Pour les curieux·ses, une explication plus poussée sera bientôt disponible sur ce site.

Que faut-il pour obtenir une combustion complète ?

La recette secrète pour obtenir un feu sans fumée s’appelle la règle des 3 T :

Turbulences + Temps + Température

Si si, c’est très simple : on cherche à réunir les meilleures conditions pour que les gaz de bois (C) et le dioxyène (O2) puissent se mélanger et réagir ensemble de façon complète. Pour cela, il faut créer un maximum de Turbulences, et les laisser assez de Temps à une Température suffisante pour que la réaction se fasse.

C’est un peu comme pour touiller un sucre dans son café : si le café est trop froid, le sucre va mal se dissoudre. Et pour l’aider, on touille avec une cuillère en créant des turbulences, pendant un certain temps.

Concrètement, dans la conception d’un poêle, il faut :

  • Avoir un foyer petit et isolé, pour atteindre des températures élevées là où aura lieu la combustion (~800°C)
  • Favoriser les formes de foyer qui créent des turbulences pour bien mélanger le combustible et le dioxygène (foyer cylindrique en L dans le cas du rocket stove, cf. ci dessous)
  • Faire un foyer (ou cheminée interne) suffisamment haut pour que le combustible et le dioxygène aient le temps de bien réagir ensemble.

On peut aussi ajouter une entrée d’air secondaire, préchauffé par les flammes, qui arrive directement là où a lieu la combustion pour la booster un peu plus. :

Exemple d’un cuiseur à bois type rocket stove

La récupération de la chaleur

Comme précisé dans l’introduction, le rendement d’un poêle à bois est défini par la qualité de son foyer, ainsi que de son système de récupération de la chaleur. En effet, il est inutile de produire de la chaleur efficacement si on la laisse s’échapper par le cheminée avant de s’en servir.

Le foyer détermine la méthode de combustion du bois : rocket stove, poêle à granulés, cheminée, … (Cf. partie Que faut-il pour obtenir une combustion complète)

De cette combustion, réaction chimique qui émet de la chaleur, on cherche à récupérer un maximum d’énergie, de différentes manières : on peut faire passer l’air chaud par un circuit qui réchauffe une masse (banc en terre par exemple), ce sera un poêle de masse. On peut aussi chauffer de l’eau, dans un poêle bouilleur. Ou encore cuisiner, avec un poêle cuiseur, ou cuisinière à bois, etc.

Tout d’abord, voici un petit rappel de quelques principes bien utiles.

Les modes de transmission de chaleur

Il existe 3 manières de transmettre de la chaleur :

Par conduction : la chaleur se transmet par un contact direct, lorsqu’on touche une gamelle chaude par exemple. Un matériau peut être un très bon conducteur thermique (les métaux par exemple), ou plutôt isolant (le bois, la fibre de verre, …).

Par rayonnement : la chaleur se propage en ligne droite, sous forme d’ondes électromagnétiques, jusqu’à être absorbée par un solide, ou réfléchie par un miroir. C’est la chaleur que l’on peut ressentir lorsqu’on reçoit un rayon de soleil par exemple, ou lorsqu’on est face à un feu de cheminée. Il suffit alors d’un obstacle pour ne plus la ressentir. Ce type de transmission de chaleur apporte un grand confort thermique : on peut ressentir une douce chaleur en étant dehors en plein hivers, à -4°C, si on est au soleil.

Par convection : la chaleur se propage grâce à un fluide en mouvement (eau, air). Un feu de cheminée par exemple, va chauffer par rayonnement si on se met devant le feu, mais il chauffera aussi l’air de la pièce. On ressentira cette chaleur malgré les obstacles.

Notes

1. Le rendement d’un appareil (noté ŋ) est le rapport entre ses performances réelles et la performance maximum théorique qu’il pourrait avoir. Une machine parfaite aurait donc un rendement de 100 %, mais cela n’est pas physiquement possible. Pour calculer le rendement total d’une activité (comme chauffer sa maison), il faut multiplier les rendements de toutes ses étapes et appareils.

2. A titre d’exemple, un radiateur électrique consomme environ 1000 Watts. Son utilisation pendant 4 heures nécessite une énergie de 4 kWh.

3. https://www.rts.ch/decouverte/sciences-et-environnement/environnement/4640659-quelle-est-l-origine-du-carbone-sur-terre-.html