Cet article est le 3ème d’une série qui vise à expliquer les fondamentaux de l’énergie. Pour accéder au premier article, cliquez ICI.
Des tomates hyper sexy
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Vous découvrirez que la calorie est l’ennemie N° 1 des gens qui se trouvent gros victimes d’un système qui glorifie l’apparence extérieure tout en laissant libre cours à l’addiction au sucres raffinés, le tout pour alimenter non pas la population mais le capitalisme. Oups… j’ai encore dérapé… Bon, retour au sujet.
Avant de devenir le bouc émissaire des nutritionnistes, la calorie était une réponse à la question de comment quantifier l’énergie. Le problème de l’énergie, c’est que c’est dur à visualiser. Comment quantifier la « capacité à faire », lorsque ses usages – donc ses manifestations physiques – sont aussi diverses que de faire cuire un gâteau, surfer sur internet, ou faire avancer son vélo ?
Pour quantifier des distances, sauf si l’on est anglo-saxon, le mètre et ses multiples suffisent amplement. Pour quantifier l’énergie, ce n’est pas si simple.
Commençons par l’énergie chimique, c’est à dire celle qui est contenue dans la matière, telle que le pétrole ou le charbon. Celle-ci est depuis longtemps quantifiée en poids ou volume de la matière qui la contient. Ainsi, on peut parler de « tonnes de charbon », de « litres de pétrole », ou encore de « méga-tonnes-équivalent-pétrole » (Mtep) pour parler de la consommation énergétique de tout un pays. Mais cette méthode possède des inconvénients : en fonction de la sa provenance, le charbon n’a pas exactement les mêmes propriétés (densité, pureté…) donc possède des capacités différentes à faire des choses. La stère de bois est l’exemple le plus flagrant qu’utiliser un volume ou un poids pour quantifier l’énergie n’est pas si pratique : on ne chauffera pas sa maison autant de temps avec une « stère de pin en 1 m » qu’avec une « stère de chêne en 33 cm ». Vous n’avez pas tout compris ? Normal, ce n’est pas l’unité d’énergie la plus intuitive.
Revenons donc à la calorie. Elle s’inscrit dans une époque scientifique où l’énergie n’était pas encore bien comprise. Alors en 1824, Nicolas Clément eut une idée brillante : utiliser l’effet de l’énergie pour la quantifier. En effet, puisque l’énergie c’est la capacité à faire, il en faut toujours autant pour faire une même chose. Bien sûr cela n’est correct que dans une situation « parfaite » où il n’y aurait aucune perte et inefficacité dans l’utilisation et la conversion de l’énergie. L’effet que Nicolas Clément choisit pour décrire son unité énergétique est assez facile à appréhender :
La calorie est l’énergie nécessaire pour élever 1 gramme d’eau de 1 °C.
Ensuite tout est question de conversion. Puisqu’il faut 1 calorie pour élever 1 gramme d’eau de 1°C, il m’en faudra 1000 pour faire monter 1000 fois plus d’eau, de 1 °C. Grâce à cette unité, si l’on souhaite savoir combien il y a de calories dans du bois, il suffit de le faire brûler2 et d’utiliser la chaleur dégagée pour chauffer de l’eau. En fonction du nombre de grammes d’eau que vous pourrez réchauffer de 1 °C, vous connaîtrez alors le nombre de calories contenues dans ce bois.
Pour mesurer une stère de bois, il faut ranger des tronçons de 1 m de longueur dans une espace correspondant à 1 m³, c’est à dire les aligner sur 1 m de large et atteindre 1 m de haut. Cependant, cette même quantité de bois, si elles est recoupée en morceaux plus courts, se rangera dans moins de 1 m³ (car il sera plus facile de les imbriquer ensemble), mais sera toujours appelée une stère. De plus, les différents bois n’ayant pas la même densité, il y a plus de kilogrammes de chêne que de pin dans une stère, donc plus d’énergie dans la 1ère que dans la 2ème.
Pour connaître le nombre de calories contenues dans un big mac, il suffit de lire l’emballage, de le reposer sur le comptoir, de sortir du Mac do et de ne jamais y retourner. En fait voici la réponse : c’est 510 000 calories. De rien, comme ça vous n’avez même pas à y aller.
La calorie est donc bien pratique pour quantifier de l’énergie thermique, ou même chimique, mais comme la stère ou la tonne de pétrole, elle s’est également faite recaler du système international d’unités (SI) qui préfère bien plus simplement utiliser une combinaison des :
- kilogrammes,
- mètres au carré
- et de l’inverse de secondes au carré.
Vous n’avez pas tout compris ? Normal, j’ai fais exprès pour que vous lisiez le reste de l’article. Je vous promets d’essayer de rendre tout cela plus clair.
Cette combinaison s’appelle le Joule (J).
Honnêtement, je me suis pris la tête un bon moment pour trouver une manière originale d’expliquer les Joules. Il a d’ailleurs fallu commencer par comprendre moi-même puisque il semblait que je n’avait en fin de compte pas si bien intégré le concept. Après tant d’années d’études, me rendre compte de ça, c’est une peu la honte… mais je vous remercie donc de m’avoir donné l’occasion de remettre tout ça au clair !
Pour vous montrer que j’ai fait de mon mieux avec les moyens du bord, voici d’abord la définition que l’on trouve dans les résultats de moteurs de recherche pour « définition Joule » :
On définit cette unité comme étant le travail d’une force motrice d’un newton dont le point d’application se déplace d’un mètre dans la direction de la force : 1 J = 1 N.m = 1 kg·m².s−2
Wikipédia, Joule, https://fr.wikipedia.org/wiki/Joule le 03/02/20
Facile ! Ou pas, si on n’est pas à l’aise avec la notion de force motrice, de Newton, ou avec le fait de mettre des puissances négatives sur des secondes… Enfin si on est à peu près humain quoi !
Du coup je vais plutôt partir d’un exemple de ce que l’on peut faire avec 1 J :
1 Joule, c’est l’énergie qu’il faut pour faire monter 102 g (une tomate moyenne) de 1 m de haut
Dans cet exemple, on applique bien une force de 1 newton (N) sur une distance de 1 m. Cette force de 1 N est la force que le bras doit fournir pour soutenir la tomate, c’est à dire pour « contrecarrer la gravité » à laquelle elle est soumise.
Si on avait voulu soulever 1 kg de tomates, il aurait fallu plus de force pour le tenir (il faudrait 9,8 N car il y a 9,8 tomates dans 1 kg). Donc avec seulement 1 J d’énergie, on aurait pu le monter de seulement 10,2 cm. Et si on voulait le monter effectivement de 1 m, il nous faudrait 9,8 J.
En revanche, si on utilisait 1 J pour soulever la tomate sur la Lune, il monterait 6 fois plus haut, donc de 6 m. Car la gravité (la force à contrecarrer, mesurée en Newtons) est 6 fois moins forte sur la lune.
On peut donc quantifier de l’énergie mécanique, telle que l’énergie nécessaire à un déplacement, avec des Joules. Mais on peut aussi utiliser les Joules pour quantifier l’énergie thermique (combien de Joules sont nécessaires à élever de 1 °C ma tomate?) ; et aussi l’énergie chimique (combien est-ce que je mange de Joules avec une tomate ?).
En effet, même si ces différentes unités sont utiles, elles ne changent rien au fait qu’en théorie, il faudra toujours exactement la même quantité d’énergie pour faire une même chose. Que l’on compte en kilos de charbon, en tomates ou en joules, peu importe.
Mais même si l’on comprend désormais ce qu’est l’énergie, et comment la compter de manière uniformisée, il nous reste à parler d’une unité clé de l’énergie aujourd’hui, celle qu’on utilise au quotidien, j’ai nommé … les « kilowattheure » ! En effet, si l’on utilise les Mtep pour les grandes quantités, le kWh est la star de la consommation des foyers.
Décomposons ce mot :
- Kilo : c’est à dire 1000 fois l’unité de base.
- Watt : le watt est aussi une unité à part entière, seulement elle ne quantifie pas une énergie mais une puissance. La puissance, c’est le chiffre de 1 à 10 de vos plaques de cuisson électriques. Pour faire bouillir 1 L d’eau, il faut une quantité donnée d’énergie. Mais en fonction du chiffre choisi il faudra plus ou moins de temps pour arriver au résultat.
- Heure : c’est la durée pendant laquelle on applique la puissance.
Énergie (faire bouillir l’eau) = Puissance (réglage de ma plaque) x Temps
Or,
1000 = 1000 x 1
1000 = 2000 x 0,5
1000 = 100 x 10
Donc,
1 kWh est l’énergie qui permet d’appliquer une puissance de 1000 W pendant 1 h
Ou 2000 W pendant 30 minutes, ou 100 W pendant 10 h. Et ainsi de suite.
Le kWh est évidemment comparable aux autres unités de mesure de l’énergie. La conversion vers le Joule est la suivante : 1 kWh = 3 600 000 Joules. En effet pour avoir un Joule d’énergie, il faut appliquer 1 W pendant 1 s3. Si on applique ce Watt pendant 3600 s (qui équivaut à 1 h), on a bien 3600 J ,ou 1 Wh.
Au final, c’est le kWh qui est le plus utilisé au quotidien. On sait par exemple qu’un foyer moyen français (c’est à dire 2,2 personnes sur 90 m²), consomme environ 15 000 kWh par an dans son habitat (cela exclu donc entre autres les transports et la consommation). On sait également que sur ce total, 61 % sert au chauffage. On sait aussi qu’en fonction des cas, en appliquant des techniques connues d’isolation et de chauffage efficace, on pourrait économiser de 60 à 80 % de cette énergie de chauffage, soit 35 % à 50 % de la consommation totale.
Par contre ce qu’on ne sait pas, c’est ce qu’on attend pour se bouger les fesses, et réaliser que l’urgence climatique ne peut plus attendre les demi-mesures politiques de gentille incitation à la rénovation.
1. Non, pas sur Google, quitte à polluer en utilisant internet autant essayer de compenser en plantant des arbres. Lien vers le moteur de recherche Écosia. ↩
2. Il faut brûler le bois parfaitement, c’est à dire en retirer l’intégralité de l’énergie qu’il contient. Pour mieux comprendre comment l’énergie est retirée du bois lors de la combustion, lire nos ressources sur le sujet (Introduction au feu de bois). ↩
3. Car les watts sont définis comme des joules par secondes, c’est à dire que 1 W est la puissance nécessaire pour faire l’équivalent de 1 J en 1 s ↩